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Thérapie #2

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Message par Kaarasu Takami Mer 17 Juil - 13:45




Takami - 8e consultation

Le patient est déjà installé dans la salle de consultation quand la caméra se met en marche. Il a les cheveux en bataille et l'air endormi.

- Bonjour, Kaarasu.

Il baille.

- Il est tôt.

- Je suppose que tu sais de quoi je vais te parler aujourd'hui.

- Je m'en doute.

- On a retrouvé une paire de ciseaux dans ta chambre. Elle manquait à l'inventaire de la cuisine du personnel.

- Je sais.

- Tu l'as volée ?

- C'est un bien grand mot.

- Comment ?

- ... hm ?

Il ne s'attendait visiblement pas à cette question. L'ombre d'un sourire amusé flotte sur ses lèvres.

- Nous avons besoin de savoir comment tu t'y es pris, Kaarasu. Nous avons des caméras de surveillance dans tous les couloirs. J'ai visionné toutes les vidéos et pas une fois tu n'es sorti de ta chambre.

- Vous n'avez pas mieux à faire ?

- Tout ceci est très sérieux. Il en va de ta propre sécurité, mais aussi de celle des autres patients et du personnel de cette institution.

Kaarasu garde le silence.

- Si tu refuses de parler, nous devrons prendre les mesures nécessaires pour t'y contraindre.

- Quelles mesures ?

Il désigne les bracelets électrifiés d'un signe de la tête.

- Ça ?

- Nous ne faisons pas dans la torture.

- Alors quoi ?

- Nous te mettrons en isolation, par mesure de précaution. Cela signifie plus de contacts avec les autres patients et plus de droit aux visites.

Son visage devient plus froid.

- C'est une autre forme de torture.

- C'est le protocole.

Le patient soupire.

- J'ai eu de l'aide.

- L'aide de qui ?

- La vôtre, Sensei.

- Je te demande pardon ?

- Vous êtes venue dans ma chambre, comme vous venez souvent me rendre visite, le soir. Vous m'avez apporté une tasse de thé et vous aviez dissimulé la petite paire de ciseaux dans la manche de votre veston. Vous me l'avez tendue, à l'abri des caméras.

- Crois-tu vraiment que j'aie fait ça, Kaarasu ?

Il hausse les épaules.

- Quelle importance. Les preuves circonstancielles sont là : les ciseaux se sont retrouvés dans ma chambre et vous comptez parmi les personnes qui sont venues me rendre visite hier. Comme vous n'avez rien sur vidéo, je peux choisir le coupable.

Le médecin soupire. Le bruit de son stylo courant sur le papier se fait entendre alors qu'elle prend des notes.

- Très bien. Dans ce cas, pourquoi ?

- Pourquoi avoir pris les ciseaux ?

- Pourquoi vouloir te faire du mal ?

Le jeune homme parait déconcerté par la question.

- Montre-moi tes avant-bras, tu veux bien ?

Le docteur Jankovic lui parle plus doucement, maintenant. Kaarasu relève ses manches, dévoilant sa peau immaculée.

- Ce serait trop facile.

- Tu ne veux pas que Nômi puisse le voir.

Il hoche la tête.

- Ou ?

- Les cuisses. Les hanches.

- Pourquoi ?

- Vous n'avez pas une petite idée ?

- J'aimerais avoir ton point de vue.

Il marque une pause, donnant l'impression de chercher ses mots.

- La douleur.. me soulage. Elle m'ancre dans la réalité. Sans elle, j'ai l'impression de me noyer.

- C'est un comportement compréhensible, compte tenu des circonstances.

- Je le fais aussi peut-être un peu parce que je suis en colère.

- En colère ?

- Parce que j'ai été un idiot, et je n'ai pas pu les sauver.

- Personne n'aurait pu...

- Cette nuit-là, la coupe-t-il, j'étais persuadé qu'il allait s'en prendre à moi. J'ai étudié ses allées et venues pendant des jours ; je savais qu'il passerait à l'acte. J'étais prêt à me défendre. Ce devait être lui ou moi. Pas eux.

Son regard est vide. Il semble ailleurs.

- Pas eux.

La psychiatre prend des notes.

- Mais je n'ai pensé qu'à moi.

- C'est ce qu'on appelle l'instinct de survie, Kaarasu. C'est la réaction la plus normale qui soit. L'affaire Kotasu est une sordide tragédie, mais tu n'aurais pas été en mesure de l'empêcher.

- Vous êtes payée pour me dire ça.

- C'est la vérité.

- Vous n'en savez rien.

- ... As-tu déjà souhaité mourir, Kaarasu ?

- Non.

- Tu en es sûr ?

- Si vous cherchez à savoir si je suis suicidaire, la réponse est non.

- Mais ?

- Si je pouvais changer le passé, je souhaiterais être mort à la place des Kotasu, oui.

La psychiatre prend quelques notes.

- Mais c'est trop tard, maintenant, et je refuse de mourir avant lui. Je veux.. je veux en finir moi-même.

- Ces coupures, tu préférerais les lui faire, à lui ?

Kaarasu la dévisage un moment, puis s'accorde un long soupir. Il lance un rapide regard à la caméra, puis esquisse un sourire navré.

- Vous me donnez l'air bien pathétique, Sensei.

- Je suis désolée. Ça n'était pas mon intention.

- Je suppose.

La psychiatre prend encore quelques notes, puis lui tends son stylo. Kaarasu l'interroge du regard.

- Prends-le.

Il prend le stylo.

- La prochaine fois que tu seras en colère et que tu auras envie de te faire mal, essaie ça. Le geste est le même, mais tu marques ta peau à l'encre au lieu de te faire une entaille.

Le jeune homme n'a pas l'air convaincu.

- Ça en aide certains, précise la psychiatre. C'est une alternative qui peut servir de transition pour faciliter l'arrêt du comportement autodestructeur.

- Autodestructeur ?

- C'est exact.

Il semble méditer ce mot, triturant le stylo entre ses doigts.

- J'ai autre chose pour toi, Kaarasu.

- Hm ?

Le docteur Jankovic pose trois épais volumes sur la table devant lui.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Selon les infirmières, tu t'ennuies, toute la journée dans ta chambre.

- Plutôt, oui.

- Et j'ai cru comprendre que tu aimais bien apprendre.

- Vraiment ?

- Selon ton professeur, tu as obtenu la meilleure moyenne académique de ton année et tu es le seul à avoir obtenu une note parfaite lors de l'examen d'entrée. J'ai même appris que tu devais faire le discours d'accueil à la cérémonie de la rentrée.

Il lève les yeux au ciel.

- Nô m'a forcé à accepter.

- Il parait que tu comptais aussi participer à un concours de musique.

- Pour l'argent, principalement.

Il rapporte son attention sur les livres, en étudiant les titres.

- Le russe ?

- C'est ma langue natale. Très peu de gens la parlent encore. J'ai pensé que tu aimerais peut-être l'apprendre.

- Oh.

- Nous pourrions ainsi discuter en évitant les oreilles indiscrètes.

- Je vois.

- Qu'en penses-tu ?

- Je ne cracherais pas sur un peu de lecture.

- C'est ce que je me disais.

- ... merci, Sensei.

- C'est mon travail.

- Pas vraiment, non.

Une petite pause.

- ... J'ai à coeur que justice soit faite.

Le docteur Jankovic coupe la caméra.


Kaarasu Takami
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Date d'inscription : 28/01/2017

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